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mardi 19 août 2014

Entretien avec un Vampire, l'oeuvre qui parle de tout sauf de vampires (ou presque)

Par Alabama


(Avant tout, je tiens à rappeler que le but de ce site est d’avoir un point de vue subjectif sur les sujets traités. L’œuvre dont je parle n’a pas – encore – été canonisée dans la littérature vénérée par les profs de prépa et l’interprétation qu’on peut en avoir s’autorise, pour quelques décennies, une grande liberté.)

Internet, bonsoir. (Je mens allègrement, il est onze heures du mat.)

Je démarre aujourd’hui Word non seulement parce que ma PS3 met des années à supprimer les sauvegardes qu’elle a entassées depuis deux ans, mais surtout parce qu’il y a quelques jours, LaManie a publié un lien sur mon mur Facebook. Ce lien, le voici.

De quoi me faire pleurer des larmes de sang par la bouche (mais qu’est-ce que j’écris, moi ?). Entretien avec un Vampire, c’est un de mes bouquins préférés. Bouquin qui a donné mon film préféré. Et je peux vous dire que ce que m’a annoncé Première, ça a meurtri mon petit cœur. Parce que les sagas dans le genre, qui viennent plus ou moins de nulle part, généralement, ça n’a pas bonne réputation, d’un point de vue qualité. Suis-je donc là pour me plaindre de films qui ne sont même pas encore sortis avec des acteurs qui n’ont pas encore été désignés ? (Même si sérieusement, un bon coup de maquillage sur la face de Tom Cruise, et ça passe.) Non. Ce serait une grave erreur que je risque de regretter. Sait-on jamais, disons. Anne Rice a elle-même fait l’erreur, lorsque le casting du film (le premier, le vrai, l’unique) (pardon) de juger Tom Cruise avant qu’il puisse tourner une seule scène. Mais comme elle est gentille et honnête, elle lui a envoyé une lettre pour s’excuser des énormes doutes qu’elle avait émis sur sa capacité à jouer Lestat. Bref. Je suis ici pour rendre hommage, à ma manière de petite littéraire et cinéphile à ses heures perdues, à ce monument de la construction moderne du mythe du vampire.

Allez, asseyez-vous, on va parler, vous et moi.

Entretien, c’est un truc dont les gens de mon âge ont vaguement entendu parler. Quelques personnes auront vu le film, et une poignée aura poussé le vice jusqu’à lire le livre. J'ai vu le film un soir, à dix ans, sur M6 (oui, mon Papa avait bien confiance pour mettre une télé dans ma chambre à cet âge-là). Le lendemain, en me levant, je croise ma belle-mère et m'exclame : « Qu'est-ce que c'était moisi ! ». Celle-ci, qui connaît tous les bouquins par cœur, a levé les yeux aux ciel. Puis je l'ai revu, par hasard, dans une chambre d'hôtel en Egypte, alors que sortir de la zone de climatisation revenait à mourir, les globes oculaires explosés par la chaleur ambiante. J'avais treize ans. Je n'avais pas compris tout ce que j'ai compris de Rice aujourd'hui, mais je sentais déjà que l'oeuvre ne se contentait pas de raconter l'histoire de la non-vie d'un mec. Malheureusement, depuis une bonne dizaine d'années, Entretien est un hochet que l'on ressort de temps en temps, quand on a en besoin. Que faut-il donc conclure de ces nouveaux films ? Il y a quelques années, à l’apogée de Twilight, LaManie m’avait envoyé une photo, prise dans la FNAC locale : une réédition des livres d’Anne Rice. Vous n’imaginez pas ma tête. Anne Rice avait arrêté d’être éditée en France il y a fort longtemps de cela. Cette nouvelle édition, avec une couverture rappelant très étrangement un mélange de celles de Stephenie Meyer et du générique de True Blood, était ni plus ni moins que le résultat d’un nouvel engouement pour cette race bien particulière qu’est le vampire. Un regain d’intérêt pour Rice et l’apport gargantuesque qu’elle a fait à cet univers ? Bien sûr que ça me fait plaisir. Mais ça me casse les ovaires qu’on ait dû attendre Twilight pour ça. Une saga dont l’auteur avait affirmé, à ses débuts de succès, qu’elle ne s’était inspirée de rien d’autre qu’un rêve qu’elle avait fait. Tu le sens le haussement de sourcil perplexe ? Je ne compte pas cracher sur Twilight. On l’a beaucoup trop fait, et, même si ce n’est pas du Balzac, il serait inutile que je m’attaque à quelque chose qui a reçu plus de coups que le Geek de SLG. Je compte expliquer en quoi Anne Rice n’a pas écrit sur les vampires.

On passe quand même d'une couverture qui ferait vomir un gobelin au remake de Fascination.
Oui, ça correspond mieux. Mais mon moi intérieur proteste. 

Anne Rice, en 1976, publie un roman, supposé être à la base une simple nouvelle. C’est Entretien avec un Vampire. Suivent d’autres romans, qui tournent toujours autour de différents vampires. Ensemble, ils constituent des Chroniques des Vampires. Ce n’est qu’une infime partie de son œuvre très prolifique. La Saga des Sorcières de Mayfair ou La Vie du Christ peuvent aussi vous dire quelque chose. En 1994, Neil Jordan réalise l’adaptation du livre, avec Brad Pitt, Tom Cruise et Kristen Dunst.  Et il déchire. C’est un des films qui prouvent que Brad Pitt est autre chose qu’un beau mec et que Tom Cruise peut, parfois, rarement, occasionnellement, très bien jouer.

C’est là que je me rends compte que je dois faire un résumé de la bête : dans une chambre pourrie du San Francisco contemporain, un journaliste interroge un inconnu sur sa vie. Il s’agit de Louis de la Pointe du Lac, un beau riche heureux noble de la Nouvelle-Orléans du XVIIIème siècle, dépressif et rongé par la culpabilité après la mort de son frère. Un soir, il se fait approcher par Lestat, un vampire qui veut le sauver de sa condition et surtout trouver un peu de compagnie. Louis transformé, il ne s’accepte pas et lutte pour conserver son humanité en buvant le sang des animaux au lieu de s'en prendre aux hommes. Après un temps de vie commune tendue, Lestat et Louis fuient la Nouvelle-Orléans. Pour que Louis reste à ses côtés, Lestat transforme une fillette de quatre ou cinq ans. Une famille (assez moderne) est ainsi formée. Au bout de trente ans, cette fillette, Claudia, se rend compte qu’elle ne grandira jamais et se met à son tour à haïr Lestat. A partir d’ici, il y aura des spoilers. Claudia décide d’assassiner Lestat. Elle et Louis font le tour du monde. Claudia meurt dans d’horribles souffrances. Louis, au XXème siècle, retrouve Lestat, qui en fait était vivant (bah oui tiens). On revient dans la chambre avec le journaliste, qui décide de partir à la recherche de Lestat. Et… Le livre s’arrête là. Et ceci est le résumé le plus charcuté jamais fait. J'ai un peu honte.

Et ça, ça parle pas de vampires ? Si, mais non. C’était donc le résumé du livre d’Entretien. Le film a un peu modifié l’histoire, ce qui est normal. Ceux qui sont prévus comptent adapter la suite des Chroniques des Vampires.

La magie de ces Chroniques, et d’Entretien en particulier, c’est que ça parle de l’Homme. Le tout est une métaphore géante. C’est ce qu’il faut comprendre pour ne pas voir Anne Rice comme un écrivain d’horreur parmi d’autres. Et il faut prendre en compte un autre trait de génie de cette madame, c’est la manière dont elle a dépoussiéré le mythe du vampire. En 76, le vampire, c’était un truc blanc, moche, avec des dents, un truc qui s’apparente plus à une bête qu’autre chose. C’est elle qui a créé l’image du vampire élégant, fascinant, l’image de la statue magnifique et monstrueuse aux pouvoirs merveilleux. Si la croyance en les buveurs de sang existe depuis l’Antiquité, le portrait que l’on s’en fait a été largement modifié au fil des siècles. Et je peux vous dire qu’Edward Cullen n’est qu’une mauvaise compréhension de l’esthétique d’Anne Rice (j’ai dit que je n’en parlerais pas, mais ça fait tellement de bien : le végétarisme, les pouvoirs, les Volturi, ils sortent d’où, mh ?).

Mais revenons un peu en arrière : comment fait Anne Rice pour parler de l’Homme à travers des vampires ? Cela passe par une manipulation assez simple, mais géniale : une dualité. Avant, le vampire se définissait par son besoin animal du sang. Ici, le vampire se dote d’une psychologie propre. D’un mode de pensée, de désirs qui peuvent ou non surpasser l’envie de se nourrir. Chez Rice, le sang, c’est avant tout du sexe. Toutes nos pulsions réunies en une seule. C’est quelque chose d’assez fréquent : vous savez, lorsque l’on parle de libido, on pense immédiatement au sexe. En réalité, la libido désigne toutes les pulsions positives que notre inconscient nous lance. Et, après le sexe, le sang, c’est l’état oral décrit par Freud. Ce sont toutes ces choses qui nous amènent à l’état de bliss, de béatitude. Lire Rice, c’est être souvent très mal à l’aise. Comme quand Unicorpse lit à voix haute des passages de livres érotiques dans les rayons de Gibert Jeune. Pourtant, ici, il n’y a rien d’à proprement parler sexuel. A proprement parler. Ci-dessous, un petit extrait d’Entretien, traduit par Tristan Murail, dans lequel Louis relate sa transformation. 

« Je me rappelle que ce mouvement de ses lèvres fit se hérisser chaque poil de ma peau, provoqua dans mon corps entier une onde de sensation qui n’était pas dissemblable au plaisir de la passion. […] Le résultat fut qu’en quelques minutes, je devins faible au point d’en être paralysé. Je sentis avec tant d’acuité les dents de Lestat se retirer que les deux blessures pas plus larges que des piqûres me parurent énormes, ourlées de douleur. Puis il se pencha sur ma tête impuissante et, dégageant son bras droit, se mordit le poignet. Le sang gicla sur ma chemise et sur ma veste ; il en contempla le flot d’un œil étroit et brillant. […] Je pense que j’avais compris par avance ce qu’il avait l’intention de faire, et, impuissant, j’attendis, j’attendis comme si je n’avais fait qu’attendre depuis des années. Enfin, il pressa son poignet sanglant contre ma bouche et dit d’une voix ferme et quelque peu impatiente : 
            – Buvez, Louis. 
Et je bus. Un certain nombre de fois, il me murmura « Allez, Louis. », ou « Plus vite, Louis. » Je bus, aspirant le sang par les trous qu’il avait ouverts, renouvelant pour la première fois depuis mon enfance le plaisir particulier de pomper ma nourriture, le corps polarisé à l’unisson de mon esprit sur cette unique source de vie. » 

C'est encore plus étrange à recopier qu'à lire. On dirait un peu une fanfic bien orthographiée. 

Revenons à l'analyse sérieuse. Rice retrace une dualité conscient/inconscient semblable à la nôtre, tout en l’exagérant suffisamment pour nous faire voir des choses en nous-mêmes qui sont trop ténues pour qu’on y prête attention. Lorsqu'elle fabrique une psychologie aux monstres, ce n’est pas pour aller fouiller les tréfonds du mal, c’est pour analyser la violence humaine. C’est comme faire un zoom sur une photo pour mieux en voir les détails. De manière générale, c’est cela, la fiction, que ce soit celle de la littérature ou celle du cinéma. Comme le dirait mon ami John Truby dans L’Anatomie du Scénario, le monde de la fiction n’est pas une reproduction de la vie réelle : il s’agit d’une vie condensée et enrichie pour que le public ait une meilleure compréhension de la façon dont la vie véritable fonctionne. C’est pourquoi Rice surpasse la symbolique de la créature – puisqu’à la base, toute créature fantastique ou mythologique est une allégorie de quelque chose, avant de faire naître une peur du premier degré. Un évitement du thème très exploité, et très vieux, du « Regardez-vous, humains, à juger les monstres ! En réalité, qui est le véritable monstre ? ». Rice est à une marche de plus. Elle utilise la violence supposée du monstre pour faire comprendre les gestes et les désirs de l’Homme, ceux qu’il ne peut assumer. Au risque de me faire taper dessus par une certaine personne, je précise que les personnages de Lestat et de Claudia sont inspirés de l'époux d'Anne Rice et de sa fille, morte à l'âge où Claudia est transformée. Bref, ces personnages ont pour essence des relations humaines extrêmement intenses. 

Très peu de gens comprennent à quel point ce livre, et ces livres sont humains : il faudrait pouvoir se lier mentalement à l’extrême pratiqué par les vampires. Je recopie en exemple un passage où Claudia, une petite fille de quatre ans en apparence, s’adresse à son père adoptif après avoir été acheter une poupée.

«         – C’est une poupée-grande personne, me dit-elle soudain en levant sur moi les yeux. Tu vois ? […] C’est une dame qui l’a faite. Elle fait des poupées-bébés, toutes les mêmes, un magasin entier de bébés ; je lui ai dit : « Je veux une poupée-grande personne. » […] Sais-tu pourquoi elle me l’a faite ? 
[…] J’aurais souhaité n’être pas assis sur ce lit éclairé comme une scène de théâtre, ne pas avoir devant moi Claudia et ses reflets dans les miroirs, manches bouffantes, manches bouffantes et manches bouffantes. 
            – Parce que tu es une jolie petite fille et qu’elle voulait te faire plaisir, répondis-je d’une voix qui me parut étrangère et trop faible. 
Elle se mit à rire sans bruit. 
            – Une jolie petite fille, dit-elle en me regardant. C’est toujours comme ça que tu me vois ? 
Son visage s’assombrit comme elle se remettait à jouer avec sa poupée, repoussant du doigt la petite encolure faite au crochet jusqu’aux seins de porcelaine. […] 
            – Pourquoi regardes-tu ailleurs, pourquoi ne me regardes-tu pas ? demanda-t-elle d’une voix toute pure, pareille à une cloche d’argent. 
Puis elle eut un rire étouffé, un rire de femme, et ajouta : 
            – Pensais-tu que je serais toujours ta petite fille ? Es-tu le plus idiot de tous les pères du monde ? 
            – Tu ne me parles pas très gentiment, répondis-je. 
            – Humm…, pas très gentiment… 
[…] J’aurais voulu la toucher, caresser ses cheveux, mais j’avais peur d’elle […]. Elle sourit de nouveau, puis attira ma main dans son sein et la couvrit du mieux qu’elle put avec la sienne. 
            – Mais dis-moi une chose, des hauteurs où tu planes, une seule chose. Comment est-ce de… faire l’amour ? 
Presque involontairement, je m’écartai d’un mouvement brusque et, dans un réflexe stupide de mortel, attrapai ma cape et mes gants. 
            – Tu ne te rappelles pas ? demanda-t-elle, parfaitement calme. […] 
      – C’était quelque chose que l’on faisait vite, dis-je, essayant maintenant de rencontrer ses yeux – comme leur bleu était froid, parfait, comme il était grave ! Et… rarement… quelque chose que l’on savourait…, quelque chose d’intense, mais que l’on perdait si vite… Je crois que ce n’était qu’un pâle reflet de l’acte de tuer. 
            – Ah ! fit-elle. De même que, te faire du mal comme je le fais en ce moment…, ce n’est aussi qu’un pâle reflet de l’acte de tuer ! »

Malsain, bonjour ! Le réflexe courant du lecteur, et qui n’est bien sûr pas faux, est celui de se dire qu’Anne Rice a juste voulu creuser un peu plus la mythologie moderne et lui apporter de la nouveauté en apportant une psychologie exceptionnellement poussée, dont seul l’esprit d’un vampire serait capable. Car, oui, c’est également ça, Entretien. Mais, malgré tout mon amour pour Rice, je me permets de glisser une critique : si elle le conserve tout au fil des Chroniques, il est franchement dommage qu’elle n’ait pas plus creusé tout ce principe que je viens de décrire. Elle creuse plutôt son monde à elle et l’étoffe d’une manière incroyable. C’est un choix (qui, je l’avoue, a fini par me lasser). 

Je parle ici d'une oeuvre surfaite. Tout y est agrandi, exagéré, trop élégant, trop fascinant, trop torturé. Si un sujet grandiose et se prêtant vaguement à la philosophie peut y être traité, il le sera (liste non exhaustive : mort, trahison, argent, prostituées,  religion, conscience, âme, beauté, éternité et petits chiens). Mais, tout à la fois, ce n'est pas exaspérant, parce que l'auteur ne fait pas l'erreur de vouloir apporter une vraie réponse. C'est une étude. On prend des personnages complètement drogués à on ne sait quoi, on fait un zoom sur Photoshop, on les confronte à des situations et à des tensions insurmontables, on secoue et on observe le résultat. On essaie sans rien affirmer. Et, le plus important, on assume. On parle de créatures tout aussi surfaites, avec de longs ongles, des cheveux de TF1, vêtues en velours violet, d'un mélange de beauté et d'horreur, de raison et d'instinct ; on parle de ce qui est en 2014 un stéréotype sur pattes, et on l'assume (sur fond de Guns N' Roses). 



Eux ont l'air plutôt content de leur fond de teint.

4 commentaires:

  1. Je suis complètement estomaqué... encore un bon film passé a la trappe, refait en plusieurs films. Je HAIE profondément cette tendance pourrie, de reprendre des classiques et de soit les refaire, soit les disloquer en plusieurs films (pognon pognon). Depuis quand on à pas vu un VRAI bon film ? Les gens ne sont plus créatifs ou quoi ? Tout ce qu'on voit au cinéma (sauf rares exception) est du gros caca caché sous des paillettes d'effets spéciaux et de saga. Moi ça m'énerve, de voir toujours la même chose, les mêmes procédés, que du bâclé. J'aime profondément le cinéma, mais là ça devient vraiment n'importe quoi...

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    1. J'étais un peu hallucinée devant la nouvelle aussi. Mais bon, je ne vais pas m'avancer en disant que ce sera obligatoirement pourri. Il y a évidemment une histoire de pognon derrière ça, comme tu le dis. Ça me tue un peu qu'on se ré-intéresse à Rice juste parce que le grand public a redécouvert les vampires grâce à Twilight. L'adaptation de Neil Jordan est franchement excellente, et, même si la fin laisse une ouverture, elle n'était pas faite pour être poursuivie. Continuer la saga avec d'autres acteurs, un autre scénariste et un autre réalisateur donnera de toute manière un résultat décousu en forme de patchwork géant. Princesse, mon petit cœur de marshmallow souffre avec le tien.

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  2. Je ne suis pas certaine que ce sera forcément nul, ce remake ; mais d'un autre côté, je suis profondément attachée au tout premier film (le second n'existe pas non non non) et notamment à ses choix cinématographiques - mon seul regret restant le choix de casting pour Armand. Passer d'un adolescent roux aux longs cheveux bouclés à Antonio Banderas, c'était un faux-pas. XD

    Pour revenir aux livres, justement, je ne suis pas d'accord pour ton avis final, à propos de cette manière de tout capturer sans s'attarder à la philosophie de fond. Ce choix de développer son monde l'apparente d'ailleurs bien davantage à la fantasy qu'au fantastique, et je reste souvent perplexe devant les saillies des éditeurs, qui la qualifient sans vergogne de "reine du fantastique". En connaissent-ils au moins la définition ?

    Mais cette écriture en panoramique est délibérée et captivante en soi. En effet, c'est au lecteur de décider, on ne lui impose ou martèle rien de force (n'est-ce pas, CS Lewis). Le contraste avec sa trilogie sur les anges en est d'autant plus douloureux, car cette saga-là impose sa foi. Le christianisme a toujours été à l'arrière-plan des romans d'Anne Rice, que ce soit ceux sur les vampires ou les sorcières, mais là, ce n'est pas adroit du tout.

    En revanche - et je suis très surprise que tu n'en ai pas parlé davantage - le point fort d'Annie, c'est le style. Certes parfois Purple Prose (d'où cette impression de lire de la fanfiction slash bien écrite), il est néanmoins toujours irréprochable, riche, travaillé, recherché. C'est un véritable plaisir à lire.

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  3. J'ai essayé très très fort de contenir mon jugement infondé, promis ! Non, je suis d'accord avec toi, peut-être que ce remake sera bon (prions, prions). (Et oublions le second film.) J'avoue avoir été assez étonnée aussi d'Antonio Banderas dans le rôle d'Armand, mais vu la manière dont la seconde partie du roman a été changée, je n'étais plus à ça près.

    J'ai voulu que cet article soit une brève explication de ma vision personnelle de l'oeuvre. Comme je l'ai dit au début, Anne Rice reste un auteur qui n'a pas encore été canonisé et suranalysé, si je puis utiliser cette expression, c'est pour ça que je me suis permise d'en livrer mon point de vue. Il y a une philosophie très poussée dans son travail, je ne peux pas dire le contraire. J'ai peu étudié l'histoire en elle-même, j'ai voulu capturer une image générale d'Entretien. J'ai eu un sentiment très humain de ce livre, c'est simplement ce que j'ai voulu développer. Mais un bon article (que je pense être incapable de rédiger) sur Rice et la fantasy serait tout à fait à propos ! Je lis très peu de fantasy (shame on me), et c'est pourquoi j'ai voulu isoler Entretien de son genre et le prendre pour lui-même, sans en étudier la transtextualité.

    Je suis d'accord, le XIXème siècle fantastique doit se retourner dans sa tombe à cause des commentaires des éditeurs.

    Le style de Rice, c'est tout simplement ce qui m'a fascinée dans ses livres ! Là, je me dois d'être honnête : il est très ardu de faire de l'analyse d'une langue anglaise sur un site francophone. Analyser une traduction est souvent hasardeux et risqué, et faire un comparatif aurait franchement été fastidieux pour un blog qui n'est pas purement littéraire.

    En tout cas, merci pour ton commentaire qui m'a donné à réfléchir sur mon article :)

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