photo Cinema3_zps1f4d4839.png  photo Fandom3_zps01bb0002.png  photo Histoire3_zps5607eca1.png  photo Jeux3_zpse5878417.png  photo Litterature3_zps42a72ff0.png  photo Musique3_zpsd0c9418e.png  photo Politique3_zps85165211.png  photo Series3_zps0864b18e.png  photo Societe3_zpsfb5e6136.png  photo Theatre3_zps648dbbd7.png

mercredi 16 juillet 2014

Le végétarisme, les questions moisies et moi

Par Alabama 


Avant-hier, je proposais un article à Unicorpse sur la modification corporelle. Hier, en le lisant, une chose m’a frappée : ce qu’elle vit au quotidien à propos de l’apparence qu’elle a choisi de donner à son corps, moi, je le vis à propos de la manière dont j’ai choisi de le nourrir. Ainsi, sur le même modèle que Madame Unicorpse, je vous propose un article sur le végétarisme pour répondre aux questions ou les réflexions que je commence à connaître par cœur. Genre… Vraiment, vraiment, par cœur.

Que les gens soient curieux à l’égard de mon régime alimentaire, je le comprends. S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce que je vais dire, c’est que, le végétarisme, c’est, pour moi, un choix. Oui, dit comme ça, ça paraît évident. Mais vous verrez que ça répond à pas mal de petites interrogations qu’on peut me poser.

D’abord, depuis quand ? J’ai commencé à arrêter la viande vers l’âge de onze ans. Mais progressivement, bien sûr. Je n’ai pas arrêté du jour au lendemain. Ça a d’abord été le porc, la viande rouge, puis la viande blanche. Je n’ai jamais réellement mangé de poisson ou de fruits de mer, donc cette partie-là n’était pas un problème. Au début, ce n’était pas vraiment par conviction. J’étais peut-être un peu jeune pour ça. C’était beaucoup plus simple, et intrinsèquement lié : dans mon assiette, il y avait du cadavre, dans ma bouche, il y avait du cadavre. S’il y a des nerfs, du gras, du sang, ce n’est pas de la nourriture, c’est du cadavre. Voilà
C'est pas du manger, ça. C'est une cuisse en Lego. 
comment je voyais les choses. Au fil du temps, mon point de vue a évolué. Bon, oui, c’est toujours un bon gros morceau de cadavre. Je me suis beaucoup renseignée sur les techniques d’abattage, sur l’influence de la viande sur la santé, sur les problèmes mondiaux dus à la consommation de viande, sur toutes ces petites choses. Il serait peu utile que je vous en fasse un compte-rendu, Internet m’a déjà bien devancée en la matière ! Sachez juste que oui, on peut être végétarien et en très bonne santé (souvent même en meilleure santé qu’un omnivore) à partir du moment où le végétarien connaît les besoins de son corps. Non, je n’ai jamais eu besoin de prendre des vitamines ou des protéines à côté. Non, devenir végétarienne si tôt n'a pas troublé ma croissance (même si je ne recommande pas de commencer à cet âge-là, mieux vaut attendre ; mais dans mon cas, c’était arrêter la viande, ou finir en convulsions dans mon propre vomi). Ce sont des préjugés courants, préjugés que je comprends, résultats d’un manque national d’informations. La population végétarienne de France a de quoi rougir, bien loin derrière l'Angleterre, dont nombre de restaurants consacre une page du menu 
au végétarisme. Mais ce qui m’intéresse maintenant, c’est de répondre clairement aux questions que l’on m’a posées deux, trois, sept, cinquante fois. Parce que, vous savez quoi ? Je me rappelle que je suis végétarienne uniquement quand j’en parle. C’est devenu une telle habitude pour moi que de trier ce que je peux manger ou pas que c’est aujourd’hui inconscient. Je comprends la curiosité. Mais ça va parfois beaucoup plus loin. Attention, on met sa ceinture, parce que toutes ces phrases sont garanties véridiques.

« Mais… Pourquoi tu fais ça ? »
Question à laquelle j’ai répondue plus haut. Mais c’est à 90% ce qu’on me demande quand je dis que je suis végétarienne en refusant une tranche de jambon. Ce n’est pas la question en elle-même qui me dérange. C’est la tronche dégoûtée d’un haut esprit face à l’absurdité du monde qui l’accompagne.

« Mais tu sais, les hommes chassent les animaux depuis la nuit des temps. »
Wow, this one. Déjà, à la nuit des temps, les hommes n’existaient pas. Ensuite, dans ta nuit des temps, les hommes habitaient dans des cailloux, n’avaient pas de feu et avait un silex pour iPhone. Bon, maintenant, on a des alternatives, on ne s’en prive pas. Le végétarisme, c’est pareil : si les hommes ont chassé, c’est parce que, en très gros, ils sélectionnaient leurs aliments préférés par rapport à ce qu'il y avait autour d'eux. Oui, l’Homme est un animal omnivore, mais rien, dans son organisme, ne l’oblige à manger de la viande. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir le choix de mon régime alimentaire. Comme je le répéterai souvent, c’est un choix personnel. Puisque mon corps se porte tout aussi bien, voire mieux, sans viande ni poisson, j’ai du mal à voir pourquoi je devrais manger de la chair animale si je n’en ai pas envie.

« Pourtant, tu portes des chaussures en cuir. »
Ce point-là est extrêmement important, car nombre de personnes, souvent même végétariennes, confondent les différents régimes. On trouve tout d’abord les végétariens, la formule classique. Le végétarien ne mange rien qui ait un jour été un animal : ni viande, ni poisson, ni fruit de mer. Rien de tout ça. En revanche, le végétarien mange du lait et des œufs. Le prochain qui me dit qu’un œuf, c’est un bébé poussin, je l’envoie dans le cours de SVT de ma petite sœur. Si l’œuf a été pondu sans que la poule ait été en contact avec un coq, l’omelette n’est ni plus ni moins qu’un ovule avec des herbes fraîches. Il y a des variantes chez les végétariens (dans le pescétarisme, par exemple, on mange les produits de la mer, dans le pollotarisme, la volaille), mais le végétarien lambda, comme moi, ne mange pas de poisson, et mange des œufs. Je vous jure. Arrêtez de me dire que votre grand cousin un jour vous a raconté que. Non. S’il vous plaît.

On trouve ensuite les végétaliens, les guerriers de niveau 2. Un végétalien ne consomme rien qui sorte d’un animal. Donc ni viande, ni poisson, ni crustacé, ni lait, ni œuf, ni miel, ni que dalle de tout ça. Les végétariens et végétaliens qui s'autorisent une entorse à leur régime alimentaire lors d'occasions exceptionnelles, comme un dîner au restaurant ou chez des amis, sont flexitariens (oui, on dirait carrément un nom de maladie, je l'avoue). 

Et puis les super boss finaux : les vegans. Un vegan ne consomme ou ne se sert d’aucun produit provenant d’un animal, ou qui a été testé sur lui. Pas de laine, pas de cuir, de daim, de maquillage testé sur les lapins, pas de cire d’abeille pour ses meubles. Oui, ça peut paraître dur, mais le vegan, comme les autres, est poussé par ses convictions. A partir du moment où ces catégories ne cherchent pas à s’imposer à autrui, il ne devrait pas y avoir de problème. Le végétarien est parfois peu respectueux des avis différents du sien, tout comme l'omnivore peut l'être. Le régime alimentaire, c'est un peu comme la religion : si tu ne fais de mal à personne, ton choix ne regarde que toi. 

« Tu veux imposer tes convictions à tout le monde ? »
Comme je le disais, non, c’est un choix personnel, toi, tu fais ce que tu veux, je m’en fous. J’aimerais juste que tout le monde soit informé comme j’ai pu l’être grâce à Internet et puisse réfléchir, s’essayer s’il le veut et suivre ses envies et/ou convictions.

« Ça te fait quoi si on mange de la viande devant toi ? »
Que dalle. Si tu manges un lapin cru entier, ça va pas me réjouir, au pire, je regarderais pas pour te laisser en intimité avec lui.

« Ton corps a besoin de viande, c’est naturel, tu sais. »
Le fer, les protéines, ça se trouve ailleurs, je te le jure. Neuf ans de végétarisme, et encore en vie. Je fais régulièrement des tests sanguins, je n’ai jamais eu la moindre carence, et, pourtant, tu ne me verras jamais me délecter d’un steak de tofu ou me faire des piqûres de soja.

« Mais c’est que des animaux. »
Un animal, ça ressent des émotions et de la douleur. Moi, ça me suffit.

« Une carotte, c’est vivant aussi. »
Sûrement le commentaire le plus débile de tous les temps depuis la nuit des temps ! (Pardon, c’est mal de se moquer.) Si on parle de vie pour une carotte ou une tomate, c’est pour insinuer que la plante grandit et meurt. Quand on parle de mort, c'est pour dire que la plante cesse de transformer la lumière du soleil, l'eau et les minéraux qu'elle absorbait pour ressembler à quelque chose. Il n’y a pas de douleur, pas d’émotion, aucune forme de conscience ou d’instinct (je mets les deux, pour le jour où un scientifique aura inventé la machine à chercher ce qu’il y a dans la tête d’un poulet). Je suis bien obligée de manger quelque chose, alors autant manger le truc qui n'a jamais bougé plutôt que le truc qui a un jour galopé à travers une prairie de Normandie (tiens, une vidéo de vache qui galope. Ça vient du cœur.)

« Si un animal mourait naturellement, tu le mangerais ? »
Une végétarienne que je connais a répondu à ça : « Et si ta mère mourait naturellement, tu la mangerais ? » Ça m’a beaucoup fait rire, alors je fais partager. Non, sérieusement. C’est une question hypothétique, car j’ai rarement eu envie de cuisiner un lapin trouvé mort d’une crise cardiaque sur le bord de la route. J’aurais sûrement moins de remords à le bouffer que celui trouvé chez Leclerc, mais la cruauté infligée aux animaux n’est pas la seule raison possible à un végétarisme. Du coup, mort naturelle ou pas, ça change souvent pas grand-chose. (Puis merde, ça reste un bon gros morceau de cadavre, quoi.)

« Et les animaux qui sont bien traités avant d’être tués ? »
Pareil. Et puis tuer, c’est pas bien traiter (oui, mon niveau de philosophie est digne de celui d’une pomme verte). Bien sûr, je me bats en faveur d’un meilleur traitement des animaux en abattage, mais ça n’est pas suffisant pour me faire revenir à un régime omnivore.

« Mais ils sont nés et élevés pour être tués. »
Personne ne naît pour être tué. C’est tout. L’Homme n’a pas à décider une naissance pour son pique-nique du mois prochain.

ÉLOIGNE-TOI DE CETTE VACHE.

« T’as pas l’impression de gâcher ? »
C’est assez simple : si je n’achète pas, la consommation mondiale baisse, de très peu. Lorsque des milliers de personnes font de même, la consommation mondiale baisse, de beaucoup. Il faut savoir qu’il faut en moyenne neuf calories végétales pour créer une calorie animale (rapport au fait de nourrir les vaches dans les fourrages et tout). En forçant des naissances à répétition, on crée un besoin de calories végétales. La nourriture est extrêmement mal répartie sur la planète. Avec ce que nous produisons, il ne devrait pas y avoir de famine, nulle part. Tout est un problème de répartition. Et c’est là-dedans que se trouve le gâchis, pas quand je trie les lardons d’une quiche lorraine. Et ceci répond du même coup à « Tu penses aux petits Africains qui crèvent de faim ? ». Je suis multifonctions. Comme les télécommandes. 

« Non mais y’a des végétariens qui fument, alors les raisons de santé, j’y crois pas trop. »
Chaque végétarien/végétalien/vegan a des motivations différentes. C’est parfois à cause de la cruauté envers les animaux, parfois pour des raisons de santé, parfois les deux. C’est parfois même juste par dégoût de la viande. Cette dernière raison est beaucoup plus courante que vous ne le pensez. C’est le cas de La Maman des Dragons, par exemple, notre presque plus pesco-végétarienne nationale. Et il arrive que des convictions viennent ensuite se greffer sur ce dégoût premier.

« Et si on te filait un million d’euros pour en manger, tu le ferais ? »
Oh, oui, certainement. Je file 250 000 à WWF après. (AH AH, JE MENS, JE GARDE TOUT POUR MOI, TOUT.) J’attends encore le mec qui me montrera un vrai million après cette proposition. Parler au conditionnel comme ça, c’est souvent inutile, ça crée des crises dignes d’une partie de Monopoly, et il en résulte que… On ne peut jamais savoir ce qu’on ferait si l’opportunité se présentait vraiment.

« Et si t’étais bloquée sur une île déserte à mourir de faim ? »
Pareil. Je pense que j’en mangerais, oui, mais bon, il faudrait que j’attende d’être sur mon île pour aviser. Surtout que je pense que je mourrais de déshydratation avant.

« Ça te manque pas ? Elle est pas triste, ta vie, sans viande ? »
Si, je pleure tous les soirs dans mon lit. Sérieusement, si vous avez besoin de viande pour que votre vie vous convienne, c’est un peu inquiétant. J’aime la nourriture, et je n’ai aucunement besoin de viande ou de poisson pour me faire une bonne bouffe. J’ai appris à cuisiner sans et à lire une carte de restaurant en éliminant d’office tout plat à risque. On trouve toujours le plat qui n’est pas une salade et qui ne contient pas de chair animale.

« Non mais j’ai déjà essayé le végétarisme, moi ! Une semaine. »
Euh… Mouais. Non. Sans méchanceté, je pense qu’il faut un peu plus longtemps que ça pour avoir réellement conscience de ce que ça représente au quotidien. Ça n'a rien de compliqué, mais ça impose une vraie conscience de soi, avec le contrôle qui l’accompagne. Cette dernière phrase répond en même temps à « Moi j’aimerais bien être végétarien, mais je pourrais pas. » 

« Non mais je suis végétarien, moi. Je mange que du poulet, du foie gras, des hamburgers et du bacon. » (Véridique.)
C’est très bien, cher monsieur de ma fac, de vouloir choisir tes viandes, mais végétarien n’est pas vraiment le mot qui convient. (Ce monsieur illumine mes après-midis sombres à l’université.)

« Mais, euh... T’es musulmane ? »
Non. Un musulman peut manger de la viande, à condition de respecter certaines conditions. Wikipédia te l’expliquera très bien.

« Ou alors tu t’inspires de l’Inde ? Ils sont tous végétariens là-bas. »
Non, vraiment. C’est archi-faux.

« Tu sais pas ce que tu rates ! »
Bah… Si. J’ai été omnivore pendant dix ans.

« Et tes enfants, ils seront végétariens ? »
Bah… Non. J’ai eu le choix, ils l’auront aussi. Comme pour leur religion, ou même leur bac (à partir du moment où ils font un bac L).


« Et plus jamais tu remangeras de viande ? »
Si on m'avait dit, à sept ans, que je ferais une croix sur les côtelettes d'agneau, je ne l'aurais jamais cru. Comme quoi je peux m'auto-surprendre ! Mais je ne pense pas que ce soit pour demain. 

Bonus : « Tu manges que des graines, en fait ? »




Ah oui, et arrêtez d’essayer de nous mettre des morceaux de poulet rôti sous le nez en disant « Mmmmh, t’as envie d’en manger, hein ? ». Ça a arrêté d’être drôle au moment même où le premier mec en a eu l’idée.




Et si vous voulez voir les fruits de ma collaboration sur cet article avec la Youtubeuse La Fille aux Soufflés, c'est ici ! 

2 commentaires:

  1. Yay, le Maître d'armes à la fin ! \o/

    A part ça je suis assez morte de rire, car je suis omnivore mais carencée de partout, donc clairement oui, ça ne joue pas. Par contre je vais sortir un classique et cliché "personnellement je ne pourrais pas", même si je respecte tes convictions, tes dégoûts et tout parce que se priver de kebab, de shawarma, d'hamburgers, de nuggets ou de steak... très peu peu pour moi.

    En tout cas, j'ai appris de nouveaux mots (pescétanisme, pollotarisme), merci. ^^ (je ne garantis pas de ne pas continuerà à jouer à "find the vegan" sur Tumblr, quand même. Je sais que toi, tu ne l'es pas ; mais même si ce n'est pas la majorité, certains d'entre eux sont VRAIMENT extrêmes et c'est parfois ridicule).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ah, ne t'inquiète pas, je suis la première à me moquer des végétariens ! Si un jour je faisais de la politique, mon slogan serait "Tuez un végétarien, sauvez une salade." Je trouve qu'on en fait un peu trop pour un simple régime alimentaire. J'ai l'impression que les gens me définissent par rapport à ça, alors que c'est juste que... Pendant un brunch, je mangerais pas de bacon.

      Et puis regarde, moi aussi, je respecte les convictions des vegans, mais franchement... Je ne pourrais pas ! Comme je l'expliquais, il faut vraiment en avoir envie et avoir un contrôle de soi de niveau 95. On verra ça dans vingt ans, je crois.

      Supprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...