Par la Maman des Dragons
« Dis, t’as vu le dernier épisode de Game of Thrones ? » « Me dis rien, je l’ai pas encore vu ! » « Tu vas voir, il est trop… »
Montage maison (source photos : HBO) |
« Dis, t’as vu le dernier épisode de Game of Thrones ? » « Me dis rien, je l’ai pas encore vu ! » « Tu vas voir, il est trop… »
Voilà
ce que, depuis quelques années déjà, on peut entendre tous les mardis, d’avril
à juin. Game of Thrones, cette série
produite par HBO, inspirée des livres de Georges R. R. Martin, qui a déjà fait
des milliers d’adeptes. Les livres sont sortis sans faire de bruit, doucement,
pouf, comme ça, et puis HBO a acheté les droits, la première saison a été
diffusée, ça a été un coup de foudre général, même si on peut vraiment parler
d’un essor avec le début de la saison 3. Alors on peut beaucoup parler de cette
série — et moi la première —, mais je n’ai pas envie de parler de l’intrigue,
des personnages, de la réalisation, de la différence livre/série. J’ai envie de
parler des fans. Pourquoi ? Parce que c’est devenu un phénomène social,
culturel. Les gens qui ne regardent pas se sentent forcés de le faire pour ne
pas être exclus. C’est un peu dommage parce qu’on devrait regarder une série
parce qu’on en a envie, pas parce qu’on nous y force.
La
faute à qui ? Aux fans. Tout simplement. Je ne vais pas dire que les fans
de Game of Thrones sont des
hystériques qu’il faut à tout prix éviter si on tient à ne pas devenir accro en
moins de deux jours. (Quoique… J’ai entendu parler d’un type qui a décidé de
vivre en exil, loin de ses amis et de son entourage, dans un village paumé,
sans télé ni Internet ni radio pour ne pas se faire spoiler la saison 4. Il a
du courage le mec, moi je dis.) Je ne vais donc pas dire que les fans sont des
hystériques parce que je suis moi-même une très grande fan (d’accord, j’avoue,
je connais mieux la dynastie des Targaryen et l’Histoire de Westeros que celles
de France). Non, moi je vais parler de la réaction excessive et parfois
agressive des fans, et quoi de mieux que de prendre un exemple de premier
choix, moi ?
« Tu regardes Game of Thrones ? » C’est
une question que l’on entend très souvent. Moi-même je la pose régulièrement à toutes
les personnes de mon entourage. Par exemple, dans mon cours de théâtre, je l’ai
posée à tous les élèves. Il y a quelques années, on répondait très généralement
« Non. » mais on va de plus en plus répondre « Oui, et
toi ? » Pourquoi ? À cause du harcèlement des fans. Alors je
parle de harcèlement mais ce n’est pas aussi violent que le harcèlement dont on
peut entendre parler aux informations. C’est un harcèlement plus sournois, plus
subtil. Les fans — prenons mon exemple — vont parler de la série à tout leur
entourage, vantant encore et encore les mérites de leur série fétiche jusqu’à
ce qu’on finisse par leur céder (je ne suis pas la seule puisque le même
procédé est utilisé par Alabama à propos de Sherlock).
Certains fans vont même plus loin : ils lisent les livres. Ouaaaaaah, mais
c’est se spoiler la série ! Je suis désolée, mais non. Les livres ont commencé à être écrits en 1997, la série date de 2010, faites le calcul.
Alors j’ai un conseil pour vous : fuyez comme la peste les fans qui lisent
les livres. Ils ne sont pas humains. Je le sais, je les ai tous lus. Alors
comme on a déjà tout lu, on sait ce qui va arriver et du coup on anticipe et on
a des réactions qui ne sont pas humaines : pour ma part, j’ai explosé de
rire à la fin de l’épisode 9 de la saison 3 et à l’épisode 8 de la saison 4. Et
puis, je dois l’avouer, les fans qui ont lu les livres, adooorent parler de ce
qu’il va se passer en prenant un air mystérieux et supérieur (et parfois en
faisant peur à leurs amis à quatre heures du matin).
Je
parlais du harcèlement. Ou de la pression exercée par les fans sur les
non-fans. Si tu te trouves dans un groupe d’amis qui regardent tous Game of Thrones et qui en parlent entre
eux et toi tu ne regardes pas, tu te sens un peu exclu et tu as envie de
rattraper ton retard. Et du coup, ça donne des situations (que j’ai connues mais dont je ne nommerai pas les personnages, appelons-les Brenda et Josh) comme celles de
Brenda et Josh où ils vont rattraper toutes les saisons en trois ou quatre
jours. Alors, au début, ça allait, mais plus ça va, plus c’est long (un épisode
fait cinquante-trois minutes, il y a dix épisodes par saisons, trois saisons
complètes et une en cours qui a actuellement huit épisodes de sortis, je te
laisse faire le calcul). C’est totalement absurde. Se dépêcher de regarder une
série juste pour être “comme tout le monde” ? Les fans sont cruels. Et
oui, je dois me confesser, j’ai exercé cette pression sur mon entourage.
Première fois où je me suis sentie toute puissante : dans ma classe de
prépa, nous étions très peu à connaître et à regarder, la série n’avait pas
encore pris toute son ampleur. Et du coup, voilà que la majorité des élèves à
qui j’ai parlé se sont mis à regarder et en sont devenus accros, au point de
venir me voir tous les mardis pour me parler du dernier épisode, comme si
j’étais un grand manitou, juste parce que j’avais lu les livres. C’est cruel,
n’est-ce pas ? Et ce n’est pas fini car cette année encore j’ai
recommencé : c’est toute ma classe de théâtre (ou peu s’en faut) qui regarde
et vient me voir tous les mardis pour me parler du dernier épisode. Alors je
suis partagée. D’un côté, j’ai envie de rejeter la tête en arrière, de prendre
une voix diabolique et de faire « Mwahahahahaha », et d’un autre, je
m’en veux parce qu’à cause de moi, des gens perdent leur temps.
J’ai
dit que je voulais parler des fans, je l’ai fait ; mais il n’y a pas que
le côté secte. Il y a différent types de fans : le fan basique, qui se
contente de regarder la série sans aller plus loin, et, lorsqu’il a l’occasion
de croiser quelqu’un qui a lu les livres, il s’autorise à poser quelques
questions pour se spoiler un peu, après tout YOLO quoi (la majorité des fans en
fait) ; le fan fan, qui lit les
livres et regarde la série, qui parfois même se fait plaisir en achetant un ou
deux produits dérivés ; le fan très (très) fan (c’est moi !) qui lit
les livres, regarde la série, achète un ou deux (seulement ?) produits
dérivés, et parce qu’il est fan très fan, il se lance dans les cosplays, les
fanfic ou la création artistique dérivée (reproduire des objets de la série par
exemple). On a enfin le fan extrêmement fan. Mais lui, c’est un dangereux
psychopathe prêt à tout et n’importe quoi, comme faire la queue pendant des
jours devant la maison d’un acteur pour le poursuivre dans la rue en hurlant
« JOOOOOOOOOOOOOOON SNOOOOOOOOOOOOOOOW ».
Je
pourrais déblatérer pendant des heures sur les différentes techniques qu’ont
les fans pour parler de la série devant des non-fans, rien que pour leur
signifier qu’il FAUT qu’ils regardent cette « super méga hypra série de la
mort qui tue qui gère la fougère qui fouette la moufette qui pète la cacahuète,
si si j’te jure ! Y’a même Sean Bean dedans ! ». Et ça, c’est
juste la phrase qui tue parce que, il faut le reconnaître, Alabama a
raison : George R. R. Martin, c’est rien qu’un gros copieur de Tolkien et
du Seigneur des Anneaux (Lord of the Rings pour les bilingues).
Même qu’il a piqué Sean Bean.
Mouarf, je suis fan très fan. XD
RépondreSupprimerA part ça, je suis assez d'accord pour le fait que la communauté de fans puisse vraiment pousser des gens à regarder, et je trouve cela très bien, car la fantasy n'est plus réservée à ces outsiders de geeks ou de nerds, et c'est très bien. ^^
Alors on est deux ! :)
SupprimerC'est vrai que ça a un bon côté puisque ça pousse des gens hermétiques à la fantasy à s'y intéresser, ça touche un plus large publique. Mais d'un autre côté je trouve ça un peu dommage car c'est comme forcer les gens à aimer quelque chose, on perd le côté de "je suis fan de cette série pour une raison qui m'est personnelle" et on tombe dans le côté "je suis fan de cette série parce qu'on m'en a parlé et que j'adhère aux goûts de la personne qui m'en a parlé". Ceci dit rien n'empêche après d'avoir ses propres goûts ! Mais c'est surtout le côté "faire pression" et "c'est un hit mode du moment" qui me chagrine un peu.