Par Alabama
Il
y a quelques mois, une amie de ma mère est venue dîner à la maison. Lorsqu’elle
est arrivée, j’étais en train de jouer au dernier Assassin’s Creed. « Toi,
tu joues à la Playstation ? Mais tu es intelligente, pourtant ! »
Sur
le moment, je dois avouer que j’ai eu du mal à réagir. J’aurais voulu lui faire
un long discours sur les jeux vidéo, mais tout ce que j’ai réussi à dire,
c’est : « Bah… Ouais. L’un
n’empêche pas l’autre. »
Aujourd’hui,
je ne prétends pas usurper le trône de LordPouic (long soit son règne), mais
prendre un point de vue beaucoup plus théorique pour expliquer en quoi être une
fille qui s’habille tous les jours en jupe haute et en talons, qui fait des
études de littérature et d’histoire et qui a un jour dans sa vie voulu parler
grec ancien (la naïveté. Personne ne parle grec ancien. Même pas les profs de
grec ancien.) n’est pas du tout incompatible avec les jeux vidéo. Pour être
plus claire, en quoi les jeux vidéo, ça n’a rien de stupide.
Ma
Playstation, c’est mon bébé. Oui, je prends ma manette pour me détendre avant
tout. Mais je lis aussi du Maupassant pour me détendre, je regarde du David
Fincher pour me détendre. Je ne compte pas peser mes mots : pour moi, un
jeu vidéo, c’est une œuvre d’art. C’est réfléchi, structuré. Et comme tout œuvre
d’art, ça peut être mauvais. Un graphisme, une bande originale, un scénario,
des dialogues, des personnages, c’est devenu un véritable film interactif, avec
ou sans suites. A titre d’exemple, je vais me servir d’un jeu que j’ai exploité
de long en large pendant les matinées pluvieuses et les après-midis
ensoleillées, j’ai nommé Assassin’s Creed.
Un monument du Micromania à côté de chez toi.
Allons-y, Alonso ! (J'offre une tablette de chocolat à celui qui me coud les mêmes fringues qu'Edward dans Black Flag.) |
Avant
de te décrire la bête, et pour faire plaisir à LordPouic, laisse-moi te
préciser que c’est un jeu édité par Ubisoft, développé par leur branche
montréalaise. Assassin’s Creed, c’est
six jeux dits principaux, sept en comptant celui actuellement en développement,
et neuf jeux parallèles, disponibles sur dix plateformes différentes, et je ne
parle pas des comics, romans et courts-métrage sortis à côté. Une machine à
profit ? Je n’ai pas le nez sur le dossier de leur comptable, mais
j’aurais du mal à douter du contraire. Mais une machine à profit ne doit pas
forcément être de piètre qualité. Bien sûr, j’ai mes préférences dans la série,
avec un faible particulier pour Brotherhood
et Black Flag. Le premier pour la
finesse du scénario, le second pour les graphismes et l’approfondissement
historique incroyable qu’on y trouve.
Car
Assassin’s Creed, c’est avant tout un
scénario, et un scénario forcément historique. Pour une passionnée de cinéma
étudiante en histoire, vous imaginez le défi ! Voici un résumé ultra
concentré : Desmond Miles, un barman descendant d’une lignée d’Assassins,
est enlevé par une multinationale, Abstergo, couverture des ennemis des
Assassins, les Templiers. Ceux-ci forcent Desmond à utiliser une machine,
appelée Animus, qui permet de revivre les souvenirs de ses ancêtres en décodant
la mémoire génétique du sujet, dans le but de retrouver un artefact très
puissant, la pomme d’Eden, fabriquée par une première civilisation, « Ceux qui étaient là avant ».
La spécialité d'AC, c'est de reconstituer des villes dans une époque donnée : Damas, Jérusalem, Rome, Florence, Boston, New York, La Havane, Tortuga... |
Pendant toute la première partie de ce jeu, on interprète Haytham Kenway, un Anglais au cœur du Boston de la guerre d’indépendance américaine. La personne derrière la manette, qui vient de jouer aux quatre jeux précédents (ne pas chercher à comprendre la manière de compter d’Ubisoft) est habituée à interpréter des Assassins. Normal quoi, c’est un peu le principe du jeu. Sauf qu’au bout de cette première partie, paf. On apprend que Kenway est un Templier. Et d’un coup, on se rend compte que le personnage n’a jamais eu à préciser de quel camp il était. Que le joueur serait directement parti du présupposé qu’il jouait un gentil. Et double paf. Le joueur n'a jamais pu poser l'éventuelle différence entre les valeurs des Templiers et celles des Assassins. On comprend qu’elles sont précisément les mêmes, que, depuis le début de la série, il n’y a jamais eu ni méchants, ni gentils. Rien qu’un conflit d’intérêts. Et ça, c’est absolument représentatif de la nouvelle génération des jeux qui couvrent les rayons de Micromania. Des scénarii réfléchis qui font réfléchir. Ce sont des films un peu différents, des films que nous guidons. Les jeux vont de plus en plus loin, comme le fameux Fable, qui a innové en permettant au joueur de choisir la réputation de son personnage et donc la manière dont le jeu se déroule. De la même façon, Assassin’s Creed laisse une part d’improvisation à son joueur, en le faisant lutter pour une certaine vision du bien tout en le laissant commettre des crimes. Même esprit, Red Dead Redemption, qui s’installe dans le Far West du début du XXème siècle. Le scénario donne un but au joueur, celui de faire retrouver au protagoniste, John Marston, sa femme et son fils, en se débarrassant de ses anciens amis criminels pour le compte du gouvernement. Un objectif que l’on ne peut lui reprocher tout en étant loin d’être louable. Ainsi, le joueur peut décider, au fil du jeu, quel sera le comportement de John, qui a la possibilité de sauver de pauvres voyageurs au bord de la route et celle de les tuer. Ouais, c’est assez sympa.
C'est beau. C'est beau. C'EST BEAU. J'ai pas d'autre légende à mettre, désolée. |
Le
jeu vidéo, aujourd’hui, ce sont des histoires, des questionnements, de la réflexion, des œuvres
picturales et musicales (vous pouvez écouter ici un extrait de la bande originale de Gravity Rush, conseillé par LordPouic le Grand, ou ici, un extrait de celle de Red Dead Redemption, chère à mon petit cœur de marshmallow). Ça n’a rien d’un cours d’abrutissement sur
canapé. J'ai passé des heures devant certaines énigmes de Tomb Raider à découvrir des recoins de ma logique restés à l'état sauvage. J'ai refait des centaines de fois des centaines de niveaux de centaines de jeux qui demandaient des réflexes et une précision qui s'apprennent, ou tout simplement l'élaboration d'une stratégie. Bien sûr, comme dans toute catégorie artistique, il y a du bon et du
mauvais, comme LordPouic vous l’a déjà dit. Le jeu vidéo, ça vous entraîne. Ce
n’est pas de la littérature, pas du cinéma, c’est simplement une autre manière
de se plonger dans la fiction, avec d’autres avantages, car, en interprétant le personnage, on a plus rapidement l'impression de prendre ses gestes pour les nôtres. « Mais... Qu'est-ce que je fais, là ? Pourquoi j'aide ce mec-là ? » Oui, petits padawans
d’Internet : on peut être intelligent, cultivé et jouer aux jeux vidéo. C'est même souvent lié.
La motion capture, ça va bien au teint. Petite vision du tournage de Beyond: Two Souls. |
Petites références citées :
Assassin’s Creed: Brotherhood – Ubisoft Montréal – Ubisoft – 2010
Assassin’s
Creed III – Ubisoft Montréal – Ubisoft – 2012
Assassin’s
Creed: Black Flag – Ubisoft Montréal – Ubisoft – 2013
Fable – Lionhead Studios – Microsoft Game Studios – 2004
Fable – Lionhead Studios – Microsoft Game Studios – 2004
Red
Dead Redemption – Rockstar San Diego, Rockstar North – Rockstar Games - 2010
Tomb
Raider – Crystal Dynamics – Square Enix - 2013
Beyond:
Two Souls – Quantic Dream – Sony Computer Entertainment – 2013
Heavy
Rain - Quantic Dream – Sony Computer Entertainment – 2010
L.A.
Noire – Team Bondi, Rockstar Leeds – Rockstar Games – 2011
Gravity Rush – SCE Japan Studio – Sony Computer Entertainment – 2012
Ils sont disponibles où les petits capteurs pour la tronche? J'en ressens le besoin très glamour à cet instant très précis pour aller avec mon cardigan à pois.
RépondreSupprimerJe pense que tu peux en fabriquer avec des clous Castorama et un peu d'aspirine.
SupprimerDécidément Alabama, j'aime tes articles !
RépondreSupprimerJe suis encore une fois d'accord avec toi. Même si moi, je chérie ma Xbox et que là je suis plutôt sur Oblivion (ENFIN, j'étais, car mon bébé est à Limoges et moi pas. Mais jme fais plaiz sur RomStation là). Je dois dire que je ne me suis pas encore attardé sur Assassin's Creed, honte. Je trouve que de nos jours, les jeux vidéos sont tellement évolué en terme de graphisme, d'histoires et de scénarios que c'est carrément du cinéma. Regardons le cas de Beyond quoi.
Cependant, hors sujet, mais le cas du mythe de la fille qui joue aux jeux vidéo moi ça m'énerve. Tout le monde en fait un patakèss sur internet. Mais moi quand je vais dans un magasin de jeux vidéos bah tout le monde me regarde de travers, et même les vendeurs. Comme si j'étais un gamin de 4 ans qui achetais un jeu, pour ensuite pouvoir le caler sous le pied d'une table branlante... Et pire, c'est sur les jeux online, tu dois constamment faire tes preuves car "t'es une fille tu sais pas joué" (bon ok c'est vrai des fois on m'offres des trucs aussi >_>). Ptain une fois j'ai même dû mentir en disant que j'étais un mec parce qu’un groupe voulait pas que je fasse un putain de donjon avec eux !
Mais sinon ton article était bien ! xD
J'ai pas trop abordé le sujet du mythe de la fille qui joue aux jeux vidéo, parce que je m'aperçois (AMEN) que ça s'améliore de plus en plus. Ou alors c'est des coups de bol, je sais pas. Mais j'avoue que j'en ai marre aussi des vendeurs qui me voient arriver à quatorze mètres de distance pour me proposer le rayon Wii, direction Just Dance III. Mais ce serait une bonne idée d'article, ça :) (Décidément, tu es une source d'inspiration sans limite !)
SupprimerRaaah, faut que tu joues à Assassin's Creed, c'est oufissime comme jeu ! Bon, le 1 est peu... Pas chiant, mais répétitif. Mais à partir du 2, raaaah <3 (Alabama, future grande critique de jeux vidéo bonjour.)
Assasin's Creed 2 c'est une tuerie \o/ Faut vraiment que j'essaye les autres, mais j'ai hâte que le dernier qui va se passer à Paris sorte, il a l'air génial.
RépondreSupprimerJe viens tout juste de commencer à jouer au dernier Tomb raider sur Pc et qu'est-ce qu'il est beau !
Bref pour ce qui est des jeux vidéos et des filles je trouve que cela évolue beaucoup, dans mon entourage beaucoup de filles sont limites accros aux jeux vidéos autant que les mecs, et même temps c'est compréhensible notre génération a grandi avec l'arrivée de la playstation et des PCs dans nos foyers, et Pokémon dans le cour de récréation donc, que l'on soit fille ou garçon on a tous grandi avec une manette dans la main ;)
J'ai perdu la moitié de mes neurones devant le trailer d'Assassin's Creed Unity tellement j'ai hâte qu'il sorte.
SupprimerJe suis d'accord avec toi pour l'histoire des jeux vidéo et des filles. Comme je le disais dans un autre commentaire, l'image du rapport qu'on a entre les deux s'améliore de plus en plus pour finalement se banaliser. Ça fait quelques temps que je me tâte à écrire un article là-dessus, mais si je me décide enfin, ce sera pour souligner ça :)