Ce qui est beau avec le monde de
l'audiovisuel, c'est que tu rencontres des personnes vraiment intéressantes.
Vous vous rappelez de mon article sur le tournage du court-métrage d'Olivier
Polia (sinon, viens voir mon petit) ? Eh bien, parmi cette petite équipe toute
gentille, très unie et venant principalement de l'ESRA de Nice, un monsieur
jouait au script-boy. Ce monsieur, il s'appelle Kevin
Delanne. Evidemment, nous avons un peu parlé durant le tournage. Puis un jour,
un acteur (oui, le même que pour le court-métrage d'Olivier Polia, Big Up
Yann!) m'a envoyé un lien en me disant : « Tiens, j'ai joué dans ce petit film,
qui est en compétition pour le Nikon Film Festival. Le réal, c'est Kevin, tu te
souviens ? Tu votes ? » Bon. Déjà une fois, on est venu à moi, ça a plutôt bien
marché. Et si on recommençait ?
J'ai donc cliqué sur le lien du site du Nikon Film Festival, pour
enfin arriver sur la page de Je suis l'idée. Cent quarante secondes, une
succession de plans et de décors, un jeu entre des voix off et un couple de
personnages : une petite comédie agréable en somme, le genre à te donner la
banane. Tu peux la voir ici !
J'ai contacté le réalisateur Kevin Delanne pour lui poser quelques
questions sur son travail et sa détermination à défendre son idée au Nikon
Film Festival.
CADAVREXQUIS
Salut Kevin ! Alors, pour déjà nous placer dans le contexte,
est-ce que tu peux nous raconter un peu ton parcours ?
KEVIN DELANNE
Pour commencer, je suis sorti de l'ESRA il y a maintenant quatre ans (diplômé un poil plus tard) en section montage. À côté, comme un peu
tous ceux qui sont à l'ESRA, j'ai réalisé quelques vidéos dont From the
Inside, que je qualifie plus de mini-métrage que de réel court-métrage, que
tu peux trouver sur ma page Dailymotion quand j'étais encore en troisième année. Il s'agit d'un projet type science-fiction un peu obscur (deux robots voulant s'enfuir de leur réseau).
Pour la suite, après un petit détour par Genève en stage de
montage, j'ai continué à bosser principalement dans la post-production en
freelance avec les sociétés VSP/DK Motion et Akamedia, qui se situe dans les
environs de Cannes. J’ai aussi travaillé en tant que professeur et
intervenant à l'ESRA et l'EFA en effets spéciaux et étalonnage.
En marge du travail professionnel, je continue à réaliser des
mini-métrages : Je suis la réminiscence, IMNT, Le
silence, et mon dernier, actuellement au concours du Nikon Festival, Je
suis l'idée. De plus, je suis en pleine écriture de mon second court
métrage.
CADAVREXQUIS
Et justement, comment t'es venue l'idée de participer au Nikon Film
Festival ?
KEVIN DELANNE
Disons que cela remonte à l'année dernière quand Diane Capo
(ndlr. la copine et co-réalisatrice de Kevin) m'a expliqué qu'il existait un
concours permettant de diffuser des court-métrages sur Internet et où les gens
pouvaient voter pour leur préféré : c'est pas nouveau, mais elle parlait bien
du Nikon. Le sujet de la quatrième édition (ndlr. 2013) était Je suis un
souvenir. Il m'était donc venue l'idée de refaire une histoire sur des
robots, considérant mon premier mini-métrage comme un échec personnel, à la
manière d'un Frankenstein. Mais faute de moyens et de temps, car le concours
avait déjà débuté, nous avons juste repris le mythe du Dr. Frankenstein dans
une version plus classique, en hommage à l'expressionnisme allemand et au film
de genre comme Nosferatu. J'ai ainsi pu présenter Je suis une réminiscence.
Pour cette année, j'ai reçu un mail de la part de Nikon début
juin, qui m’indiquait le thème de cette nouvelle édition : Je suis un
choix. J'ai donc réfléchi à plusieurs idées de scénarii mais aucune ne me
plaisait plus que d'autres.
Ce n’est que début juillet que j'ai trouvé le concept de
Je suis l'idée. Le but était pour moi de faire quelque chose grand
public, sans prise de tête et surtout drôle, à la manière des vidéos Internet.
Je voulais que tout le monde puisse s'identifier grâce aux voix off mais
aussi créer une sorte d'auto-dérision et de mise en abyme par rapport au
processus de création même. Ce que disent les voix off, c'est exactement ce
qu'il nous est arrivé quand on écrivait Gabriel (ndrl. le co-scénariste) et moi.
Et c'est pour ça que j'ai aussi choisi cette fin légèrement moralisante.
La préparation a duré un peu moins d'un mois et nous avons
tourné début août. La vidéo a été finalisée pour le 1er septembre.
CADAVREXQUIS
Tu mets donc en scène un choix d'histoires, de manière de
filmer, mais aussi de jouer et de réagir. C'est un hommage au cinéma et
surtout au tournage. Tu peux nous expliquer comment tu as réfléchi à ce concept
d'un point de vue artistique ? Quelles étaient tes inspirations ?
KEVIN DELANNE
Pour m'inspirer, j’avais plusieurs références. On retrouve un
petit côté action, drame et thriller grâce aux jeux des acteurs, mais aussi à
l'étalonnage qui, selon moi, aide à situer les genres cinématographiques que
j'ai voulu parodier. Je peux citer Pulp Fiction, American History X
ou même L'Effet papillon. Toutes ces inspirations viennent en grande
partie d’une certaine culture pop, mais les genres que j'ai abordé peuvent
tellement se prêter à des dizaines d'autres films qu'il m'est difficile d'en
citer réellement un en particulier.
Le début est plus tourné western, on peut dire. Je n'ai pas
eu vraiment de film précis en tête, seulement des plans de duels façon western dont j'ai voulu m'inspirer, ainsi que pour la colorimétrie légèrement
orangée, chère aux films de ce genre. Pour la scène où Yann [Lerat] prend
Sophie [Payan] dans ses bras, je me suis inspiré D'autant en emporte le vent.
Pour information, la plupart des scènes sont des plans séquence. Nous avons
énormément répété sur les première scènes et toute la gestuelle a été réfléchie
comme une danse. Résultat, Sophie s'est légèrement blessée (une
warrior !) avant le tournage.
Je me suis donc plus intéressé aux genres qu’aux films eux-mêmes
pour les références, d'où mes procédés classiques ou clichés par moment. Gabriel m'a aidé par
rapport à cela en complétant mes délires et cela nous a permis de surenchérir
dans des situations encore plus comiques et exubérantes.
Mais il fallait garder un fil rouge pour
éviter de partir en vrille, d'où une conclusion qu'on a fixée dès le début et
qui n'a pas changé : c'était un peu notre garde-fou.
J'ai réfléchi à ce concept en me demandant quel cliché, dans
n'importe quel genre de film, pouvait avoir un ressort comique :
- Si je te dis film d'action : tu penses à des courses
poursuites, des coups de feu et des morts. Une légère tension s'en dégage.
- Si je te dit film romantique : tu imagines une musique
légère avec un orchestre pour tenir le tout, un homme et une femme se tenant
dans les bras et s'embrassant langoureusement dans une image douce.
- Si je te dit film thriller : tu penses à une ambiance terne
(pour ma part je vois ça comme un Fincher), qui nous inquiète, à des personnages qui ne sont pas tranquilles et qui se tiennent sur leurs gardes.
Voila, ce sont plus des généralités qui ont inspiré le film.
Le fond vert m'a grandement aidé pour changer les univers sans couper les
plans et les jeux des acteurs. Il me suffisait d'un "TOP" par
certains moments (en plus de la voix off) pour indiquer aux acteurs les
changement de scènes qui avaient lieu. Ils ont vraiment fait un super boulot
sachant que cette histoire se déroule à ce moment-là uniquement dans ma tête.
Et même une petite revue presse pour la route ! |
C'est ainsi que Kevin Delanne m'a fait découvrir son univers et son film Je suis l'idée pour lequel vous pouvez aller voter sur le site du Nikon Film Festival. Pour la suite de son travail, vous pourrez bientôt découvrir L'Inconnu d'Olivier Polia, film sur lequel Kevin est script-boy.
Un grand merci à lui !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire